Reprendre ses études après 70 ans, pourquoi?

Mme Gladys GORDON-BOURNIQUE, habitante d'Avrainville, nous explique les motivations qui l'ont amenée à reprendre ses études après l'âge de 70 ans. Vous pourrez également retrouver des extraits de sa thèse de soutenance pour l'obtention d'un doctorat en théologie.

Depuis 7 ans on me pose souvent la question. Maintenant que j’approche d’un certain terme – le doctorat – je veux partager avec vous un peu de mon itinéraire. Peut-être pour vous convaincre qu’on peut bien devenir « docteur » à 80 ans. Et que cela en vaut la peine ! Lorsque mon mari est décédé, il y a maintenant 8 ans V2, cela a laissé un grand vide dans ma vie, et je me suis demandé que faire pour éviter la déprime. J’ai cherché quelque chose que j’aurais pu partager avec lui. Assez rapidement m’est venu l’idée de reprendre des études, pas n’importe lesquelles, mais des études de théologie, une matière qui nous intéressait tous les deux. Je me suis donc adressée aux établissements qui offrent cet enseignement, essentiellement l’Institut Catholique de Paris et ensuite, puisque j’avais des attaches à Strasbourg, l’Université Marc Bloch, seule université publique française à avoir des facultés de théologie. Je savais par ailleurs que cette université offrait des cours par correspondance jusqu’à la licence. Le choix n’était pas difficile : la « Catho » me faisait comprendre que pour eux mon grand âge était un problème, à Strasbourg on m’a accueillie les bras ouverts. Compte tenu de mes études antérieures, je pouvais entrer directement en « année de licence », avec seulement quelques « unités de valeur » à rattraper ; je prévoyais alors de « faire l’essai » avec ces matières qui me manquaient, et en m’inscrivant à l’enseignement par correspondance. Cette première année j’ai passé quand même une semaine par mois à Strasbourg. Elle me permettait de me remettre « dans le bain » des cours, et de rencontrer les professeurs et les étudiants. C’était utile ! L’année d’après, je me suis installée chez une amie à Strasbourg pour suivre la totalité des cours et profiter pleinement des bibliothèques. C’était parfois assez dur et fatigant, mais combien intéressant et stimulant ! Je n’avais vraiment pas le temps de m’ennuyer. Assez rapidement j’ai été intriguée par une particularité de l’évangile de saint Jean : la présence de proclamations en « Je suis » par Jésus ( par exemple : « Avant qu’Abraham ne fut, Je suis ») et un de mes profs m’a encouragée à approfondir cette question. Après l’année de licence, je me suis donc engagée dans le parcours du « master » ; mon mémoire (la pièce maîtresse de ces deux années de formation) était un examen des travaux déjà faits sur ce sujet, élaboré sous la direction de ce même professeur. Enfin, toujours soutenue par ce professeur, j’ai osé m’engager en vue du doctorat, qui demande de 3 à 6 années et aboutit à la publication d’une thèse qui représente un travail original. Cette thèse doit être soutenue devant un jury de spécialistes ; c’est une épreuve qui couronne les années de travail et permet au candidat à la fois de résumer son parcours et d’apprendre ce que d’autres chercheurs peuvent penser de ses efforts J’ai choisi de continuer une recherche sur le « Je Suis » dans l’évangile de Jean. Et me voici presque au bout du chemin. La thèse est terminée ; son titre est « La spécificité du ego eimi absolu dans l’évangile de saint Jean » (ego eimi, c’est « Je suis » en grec). Je dois la soutenir le 18 mai à Strasbourg. Cette cérémonie est publique et vous êtes tous invités, si le coeur vous en dit. Si tout se passe bien, je sortirai de l’épreuve « docteur en théologie ». Mais je demeurerai quand même Gladys, comme avant. Avrainville, avril 2011 Gladys GORDON-BOURNIQUE Téléchargez les extraits de la thèse:Résumé de la thèse en théologie de Mme Gladys BOURNIQUE